L'art de recycler la matière

Dans un monde saturé de consommation et de gaspillage, ma démarche artistique se veut un acte de résistance douce et poétique. Elle s’ancre dans une volonté profonde d’allier création et conscience écologique. Plutôt que de partir de matériaux neufs, je choisis de redonner vie à ce que d’autres auraient laissé pour compte : des rebuts, des fragments oubliés, des morceaux de bois marqués par le temps ou destinés à être détruits.

Le feu devient alors un allié, presque un partenaire de création. Grâce à la technique ancestrale du bois brûlé — le shou sugi ban, originaire du Japon — je sublime la matière en révélant sa texture, sa profondeur, son histoire. Brûler le bois n’est pas le détruire, c’est au contraire l’apprivoiser, l'enrichir, lui offrir une nouvelle présence, brute et noble à la fois. Le grain se révèle, le noir charbon devient écrin, et chaque pièce porte en elle la mémoire du feu.

Ce choix esthétique est aussi un acte engagé. L’upcycling, ou surcyclage, permet de détourner les objets de leur fin annoncée pour leur insuffler une seconde vie. C’est une manière de dire non à la surproduction, non à l’épuisement des ressources, tout en prouvant que beauté et durabilité ne sont pas incompatibles.

Réutiliser, transformer, recréer : c’est à la fois une économie de moyens et une affirmation forte d’un engagement pour la planète. Chaque création devient un manifeste silencieux, une manière d’habiter le monde autrement, avec respect, avec attention.

En donnant une voix nouvelle aux matériaux oubliés, je veux faire passer ce message : notre avenir passe aussi par la capacité à voir le potentiel dans ce qui semble usé, à aimer ce qui a déjà vécu. Car c’est dans l’imperfection, dans la cicatrice, dans la trace, que se niche souvent la plus grande beauté.